Le 15 novembre dernier, le SIAO 95 a participé à la mobilisation nationale des SIAO contre l’exclusion de ses salariés de la prime Ségur. Les activités ont été interrompues durant l’ensemble de la journée. Aucun appel ni mail n’a été traité(1).
Les équipes du SIAO 95 dénoncent une iniquité de traitement des travailleurs et intervenants sociaux « oubliés du Ségur », exclus d’une revalorisation salariale de 183 € accordée depuis le 18 février dernier à certains acteurs du social :
« En tant que salariés du SIAO 95, organe considéré comme « clef de voûte du Service public de la rue au logement »(2), nous ne bénéficions pas de la reconnaissance liée à la prime « Ségur ».
Comment prétendre que nous ne réalisons pas d’accompagnement social au 115 ?
Le quotidien des travailleurs sociaux écoutants est d’accueillir, d’écouter et d’essayer de trouver une solution d’urgence à la détresse des appelants (jusqu’à une centaine par jour et par salarié-ée). Garants de l’application des droits fondamentaux, des consignes territoriales et acteurs contraints d’une injustice sociale, cette posture paradoxale implique un stress et une charge mentale manifeste.
Le travail social effectué tous les jours, sans relâche, est indéniable. Le 115 est en première ligne dans la prise en charge des personnes : effectuer un diagnostic social, signaler les situations aux maraudes ou aux organisations et institutions compétentes, orienter vers les structures hôtelières, mettre en lien les personnes avec les Associations compétentes en fonction des besoins identifiés, faire de la médiation, être un soutien pour les personnes qui appellent – les écouter, les rassurer, entendre leur détresse et leur colère… Tout cela sans même parler des tâches administratives qui sont sans cesse plus nombreuses, au gré de nouvelles procédures ou dispositifs.
Comment penser que nous ne contribuons pas à l’accompagnement des personnes en demande d’hébergement/logement ?
C’est la collaboration de l’ensemble de nos services qui permet la meilleure prise en charge possible des personnes. Sans les « administratifs », il n’y a pas de prise en charge pérenne des publics sur le territoire, pas d’orientation vers les structures d’hébergement ou de logement intermédiaire. Mais aussi : pas de donnée à faire remonter à l’État pour montrer la réalité et les besoins du terrain, pas d’étude des dossiers SI-SIAO, pas de facilitation de l’accès au logement social pour une partie des personnes en demande sur le Val-d’Oise, pas de lien avec les gestionnaires, prescripteurs, et tout autre partenaire ; pas de dynamique territoriale coordonnée permettant de faire évoluer les pratiques et donc la prise en charge des publics.
Sans le travail des équipes et l’expertise qui en découle, c’est toute l’intervention sociale sur le département qui est impactée.
L’État nous considère-t-il comme des sous-travailleurs sociaux ?
Le non-octroi de cette revalorisation n’est plus seulement une question salariale. Le salaire est certes un enjeu majeur, particulièrement pour les travailleurs sociaux écoutants 115 soumis à une rémunération bien trop précarisante. Mais il s’agit aussi et surtout d’une preuve du manque de reconnaissance de notre investissement et de notre travail, s’ajoutant à des années de non-considération des métiers du secteur médico-social.
Alors, la prime Ségur pourquoi pas nous ? »
Les salariés du SIAO 95
(1) Afin de ne pas pénaliser les personnes en demande, le SIAO a organisé la veille les mises à l’abri d’un maximum de situations et un service minimum a été assuré le jour même pour la ligne urgence 115.
(2) Source : Instruction du 21/03/22 relative aux missions des SIAO pour la mise en œuvre du Service public de la rue au logement.