Violences conjugales & hébergement : de l’urgence à l’insertion pérenne

Violences conjugales & hébergement : de l’urgence à l’insertion pérenne

Retour sur la Coordination Territoriale Semestrielle du SIAO 95

Ce matin, le SIAO 95, porté par ESPERER 95, réunissait à l’Hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise de nombreux partenaires institutionnels, associatifs et acteurs de terrain pour sa Coordination Territoriale Semestrielle (CTS).

Un temps essentiel pour mettre en lumière les enjeux du terrain, partager les pratiques professionnelles, identifier les difficultés et activer collectivement de nouveaux leviers d’action au service des personnes victimes de violences conjugales.

Un contexte territorial en pleine recomposition

Depuis deux ans, le paysage associatif du Val-d’Oise se réorganise pour mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes victimes de violences conjugales. Parce que ces situations exigent une approche globale, adaptée et coordonnée, cette rencontre a permis de :

  • Présenter l’actualisation du protocole départemental de mise à l’abri, actuellement en expérimentation.
  • Mettre en lumière les initiatives des acteurs engagés dans les parcours de sortie des violences.
  • Aborder les enjeux d’accès au logement social ou adapté, indispensable à la reconstruction.
  • Échanger sur la prise en charge des auteurs de violences, un levier majeur pour sécuriser durablement les victimes.

Un cadre national renforcé

La circulaire du 25 novembre dernier, présentée par Christine GABEL, relative à l’organisation territoriale du parcours d’hébergement et de relogement des femmes victimes de violences signée par Aurore Bergé et Vincent Jeanbrun souhaite un cadre national obligatoire qui vient consolider des initiatives déjà mises en place sur le département. 
Elle demande notamment :

  • la formalisation d’un schéma structuré autour du SIAO,
  • un accueil renforcé des personnes victimes et de leurs enfants au sein des dispositifs d’hébergement,
  • une coopération inter-SIAO régionale pour mieux répondre aux situations nécessitant un éloignement géographique,
  •  des modalités d’évaluation sociale des victimes.

Focus Val-d’Oise : un territoire particulièrement concerné

Les violences conjugales demeurent un phénomène massif et préoccupant : En France, 272 400 femmes ont déclaré être victimes en 2024.

Leur prise en charge nécessite une attention accrue : sécurité, temporalité, protection des enfants, reconstruction psychique, accès au logement stable.

Les professionnels observent sur le Val d’Oise une évolution de 21% en 2 ans des personnes déclarées entre 15 et 64 ans :

  • une majorité de femmes en famille monoparentale,
  • des ménages à faibles revenus,
  • une grande diversité de situations administratives,
  • de nombreux retours au domicile faute de solutions pérennes,

Un public au croisement de multiples vecteurs d’inégalités (économiques, sociales, genrées).

Le rôle du SIAO 95

Sous la responsabilité d’ESPERER 95, le SIAO 95 joue un rôle central dans :

  • la mise à l’abri via un protocole structuré en vigueur depuis 2021,
  • la régulation et l’orientation vers des places dédiées et contingentées par l’État,
  • l’identification et la labellisation des personnes victimes de violences (PVV) au titre du PDALHPD,
  • la coopération permanente avec les structures d’hébergement, bailleurs sociaux, services juridiques, services sociaux et forces de sécurité.

« Cette question engage notre responsabilité collective : protéger, accompagner et permettre à chaque personne victime de violences de se restaurer dans des conditions dignes et sécurisées. La lutte contre les violences conjugales est une priorité des politiques publiques, et le SIAO, au titre de ses missions y contribue notamment à travers le protocole de mise à l’abri en vigueur depuis 2021»
— Véronique Pelissier, directrice du SIAO 95 – ESPERER 95

Table-ronde 1 : Un accompagnement multidimensionnel des victimes

Les interventions ont rappelé que chaque situation est unique, sans “profil-type”, et que la temporalité des démarches doit impérativement être respectée pour éviter les retours à la violence.

Thèmes abordés :

  • prise en compte des enfants co-victimes,
  • enjeux juridiques et protection,
  • temporalité des accompagnements,
  • articulation entre social, judiciaire et forces de sécurité.

Merci à LEAO Mon Âme Sœur, CHRS/CHU Le Phare – Aurore, Maison de Protection des Familles – Gendarmerie Nationale, CIDFF 95.

Table ronde 2 : Dépasser l’urgence : l’insertion comme clé de la sortie des violences

Ce second échange a porté sur les dispositifs et leviers permettant une reconstruction pérenne :

Intervention des structures : Pôle Justice, Emploi & Formation d’ESPERER 95 (accompagnement des auteurs), Val d’Oise Habitat, APUI Les Villageoises, Service social du Département du Val-d’Oise.

Enjeux soulignés :

  • l’accès au logement comme pivot de la sortie des violences,
  • l’importance de l’accompagnement des auteurs pour sécuriser les victimes,
  • une nécessaire complémentarité entre hébergement, logement, justice et accompagnement social.

Ensemble, nous renforçons un parcours de sortie des violences cohérent, sécurisé et digne, au service des femmes victimes et de leurs enfants.

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